Je vous l’ai annoncé début décembre, j’ai lancé un book club. Et notre première rencontre a eu lieu jeudi 30 janvier à 20h30.
Au programme : Autoportrait de l’auteur en coureur de fond de Murakami.
Cet article est en accès libre pour tous les abonnés à la newsletter What’s Next. C’est un aperçu de ce qui est posté. Peut-être aurez-vous envie de rejoindre la formule payante, celle qui permet de participer à ce book club, aux ateliers d’écriture et à la lecture de la newsletter hebdomadaire (et des archives) ?
Haruki Murakami est un auteur japonais né en 1949. Il a vendu des millions de livres - romans, essais, nouvelles.
Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, paru en 2007 est le premier et seul livre de ce romancier à succès que j’ai lu, à ce jour. Quand j’ai cherché quelques informations sur lui - après tout, son nom semblait faire partie du background culturel depuis des années, j’ai réalisé que j’avais également vu le film Drive my car, adapté d’une de ses nouvelles. Peut-être sans le savoir, j’ai lu ou vu autre chose : c’est un auteur à succès prolifique.
Ce livre m’a d’abord attirée par le côté récit personnel - c’est ce qu’on écrit dans les ateliers d’écriture, j’aime l’exercice aussi bien côté écriture que lecture. Je suis toujours curieuse de savoir ce qu’un auteur a à révéler sur cette pratique à l’aura mystérieuse qu’est l’écriture. Comme s’il avait un secret incroyable niché au creux d’une page.
Par ailleurs, je me suis récemment mise à la course à pied - ou devrais-je dire, je me suis inscrite pour la première fois à une course à l’automne dernier, et j’ai travaillé sur un ouvrage sur la course à pied en parallèle (une coïncidence que je raconte dans cet article).
De quoi parle Autoportrait de l’auteur en coureur de fond ?
Ce livre mélange essai et mémoire, et entremêle des réflexions sur la course à pied ; commence la pratique intensive et régulière de ce sport a influencé son travail d’auteur.
Les chapitres sont courts, organisés par date (principalement en 2005 et 2006, avec une incursion en 1996) et par lieux - le Japon, Hawaï, Cambridge - que j’étais contente de trouver (c’est la ville de Harvard et du MIT, juste à côté de Boston où je vis, et où Murakami a été artiste-invité).
Murakami a commencé la course à pied en 1982, il était alors âgé de 33 ans. Il a couru depuis 6 jours par semaine, plusieurs miles par jour, un fait en soi admirable. Il a couru 25 marathons, et s’est mis au triathlon. En parallèle, son premier roman a été publié en 1979, il en a ensuite publié 15, ainsi que 6 collections de nouvelles, d’innombrables histoires et essais, un livre pour enfant, une anthologie, des scénarios… Bref, il est prolifique.
Que lui apporte la course ? Qu’est-ce que ça lui apprend sur le métier d’écrivain ?
Ce sont les questions que j’espérais voir développer dans ce livre.
Participer au book club :
Le book club est ouvert à tous les abonnés à la newsletter What’s Next, dans une formule payante mensuelle ou annuelle. Vous étiez une quinzaine d’inscrites, et onze qui ont participé. C’était plutôt fluide malgré le nombre ! Vous avez participé depuis les Etats-Unis, le Canada, un peu partout en France (de Brest à Marseille)
La condition pour participer est d’avoir lu le livre, tout simplement. La rencontre a lieu sur Zoom, et dure une heure. C’est programmé le dernier jeudi du mois, de 20h30 à 21h30, heure française.
A la fin de la rencontre, j’ai présenté les 2 options pour le mois suivant, et c’est dans ce post que vous pouvez voter, pendant les 7 prochains jours pour le livre qui vous intéresse le plus pour notre prochaine rencontre, qui aura lieu le jeudi 27 février.
Se préparer au book club :
Lire le livre en intégralité,
Se faire une opinion sur ce que vous avez aimé / moins aimé.
☞ L’intention de ce book club est de se retrouver pour discuter d’un livre, parfois un récit de soi (c’est aussi le thème de la plupart des ateliers d’écriture) parfois des romans. Je me laisse la liberté d’improviser et d’adapter au fil des mois.
L’une d’entre vous m’a récemment demandé : “Mais comment “retenir” ce qu’on lit ? J’oublie tout une fois le livre fermé.” Je partage cette façon de faire, je garde souvent des impressions, parfois des images et des personnages, mais j’oublie au fur et à mesure (ou immédiatement parfois…). Je crois que la meilleure façon de retenir un livre ou de s’en imprégner est d’en parler, de partager ses impressions, peut-être une ou deux citations qui nous ont marqué.
Je ne retranscris pas notre rencontre, à la fois pour des raisons de confidentialité, mais aussi parce que c’est plus fun de participer “en live”. Néanmoins, je vous livre quelques notes que j’ai prises avant de vous retrouver jeudi 30 janvier.
Ce que j’ai aimé dans le livre de Murakami :
Que ça se passe (en partie) à Boston, ou du moins le long de la Charles River, le fleuve qui coupe Boston et Cambridge, avec son interminable promenade où coureurs, cyclistes et marcheurs se retrouvent à toutes saisons. J’aime cet endroit, y voir le passage des saisons, la skyline évoluer au fil des années. J’aime y aller pour des pique-niques, des concerts, des promenades…
“Lorsque j’ai revu la Charles River, un désir de courir a surgi en moi” ☝
J’ai été surprise par le côté évident et facile pour Murakami dans le fait d’écrire et de courir. Il semblerait qu’il se soit assis un jour en décidant d’écrire un roman, et que ça a tout de suite “marché” pour lui (son premier roman a été publié, et a obtenu un prix). La course à pied semble suivre ce modèle : c’est une activité physique qui lui convient, il n’a pas vraiment à se forcer (à part peut-être la fois où il a couru 100 km !?)
Au-delà de cette apparente facilité, Murakami nous livre quelques leçons de vie :
La motivation vient de soi : “écrire un roman ou courir un marathon, voilà deux activités qui se ressemblent. Chez les créateurs, il existe une motivation intérieure, une force calme qui n’est pas du tout nécessaire de confronter à des critères extérieurs.”
S’arrêter au bon moment. Il aime courir, il aime écrire, mais pour ne pas se “burner out” il s’arrête au bon moment. “Je m’efforce de garder intacte pour le lendemain la jubilation qu’éprouve mon corps aujourd’hui”. Doser ses efforts ! En tant que freelance, c’est quelque chose que j’aime faire (limiter et compter mon temps, même quand je pourrais en faire plus), alors je suis contente de voir que c’est un principe que d’autres s’appliquent.
Vieillir est inévitable, et avec le vieillissement vient le fait de reconnaitre les limites de son corps. Murakami a eu la chance de ne jamais se blesser, et d’être resté en bonne santé pendant sa carrière de sportif et d’auteur. Il reconnait néanmoins les limites du corps. “Comme coureur, j’ai atteint mon meilleur niveau vers la fin de la quarantaine.”
“En vieillissant, on apprend à être heureux avec ce que l’on a. C’est l’un des bons côtés (un des rares) de l’ avancée en âge.”
Il est solitaire, et l’assume !
“Je dirai que je suis le genre d’homme qui ne trouve pas pénible d’être seul. Je n’estime pas difficile ni ennuyeux de passer chaque jour une heure ou deux à courir seul, sans parler à personne, pas plus que d’ être installé seul à ma table quatre ou cinq heures durant.”
Ne pas négliger notre corps, même dans une profession dite intellectuelle : “Avec la décision de devenir un écrivain professionnel est apparu un problème : comment me maintenir en forme physiquement ?”… et le corps a beaucoup à nous apprendre sur nous. Il est concret quand il décrit ce qu’il a appris de la course à pied pour son métier d’auteur (est-ce qu’on arriverait enfin au coeur de son “secret” ?!):
En ce qui me concerne, la plupart des techniques dont je me sers comme romancier proviennent de ce que j’ai appris en courant chaque matin. Tout naturellement, il s’agit de choses pratiques, physiques. Jusqu’où puis-je me pousser ? Jusqu’à quel point est-il bon de s’accorder du repos et à partir de quand ce repos devient-il trop important ? Jusqu’où une chose reste-t-elle pertinente et cohérente et à partir d’où devient-elle étriquée, bornée ? Jusqu’à quel degré dois-je prendre conscience du monde extérieur et jusqu’à quel degré est-il bon que je me concentre profondément sur mon monde intérieur ? Jusqu’à quel point dois-je être confiant en mes capacités ou douter de moi-même ?
C’est sans doute mon passage préféré du livre. J’admire qu’il ait réussi à faire ces parallèles entre les deux activités, de façon plus subtile qu’il en a l’air, non ?! J’écris ça sans savoir ce que VOUS en avez pensé, quelques minutes avant de vous retrouver…
Il est fan de routine, de discipline, de règles - je n’envie pas nécessairement cette vie, et je reconnais que ce n’est pas une vie possible/accessible pour tout le monde (il n’a pas d’enfant, il est probablement à l’aise financièrement). Cela dit, il reconnait que le talent est la qualité n°1 d’un auteur (le genre de remarque qui me fait douter de tout).
Peu importe que vous soyez plein d’enthousiasme ou que vous fassiez énormément d’efforts pour écrire, si vous êtes vraiment dépourvu de talent littéraire, vous ne serez jamais un romancier. (…) Si on me demande quelle est la deuxième qualité importante pour un romancier, je réponds sans hésitation : la concentration.
On apprend de ses échecs comme du reste (un classique) : “De chaque échec, de chaque bonheur, j’essaie de tirer une leçon concrète (qu’importe qu’elle soit minuscule, si elle est concrète).”
☞ Je suis ressortie de cette lecture avec cette idée simple : il n’y a qu’en expérimentant qu’on expérimente, une tautologie qui signifie, finalement, ce n’est qu’en courant, et qu’en écrivant, qu’on sait, qu’on ressent, ce que c’est de courir et d’écrire et ces activités ont de nombreux points communs quand on les pratique de manière intensive. Ce que j’ai préféré, c’est probablement tout ce qu’il dit sur le vieillissement, un thèmes concret dans un livre très cérébral !
Accessoirement, j’ai aussi envie d’aller au Japon et à Hawaï (un jour, peut-être).
Le mois prochain, vous venez au book club ?
Confirmez votre présence par email hello ( a) whats next mathilde (.) com ou en commentaire ci-dessous. Le book club est accessible aux abonnées payantes à What’s Next.
Voici ma proposition pour le mois prochain :
La fille que ma mère voulait, Isabelle Boissard. (224 pages) Tous les trois ans, c’est la même histoire. Se coltiner la fête de départ, le déménagement, et de nouveaux cheveux blancs. Accepter la destination (Taipei !?). Rencontrer les autres « conjointes suiveuses » au café du lycée français, débattre de sujets cruciaux – les salons de jardin, le yoga. S’inscrire aux cours de mandarin, puis abandonner. Arrêter la cigarette, reprendre le lendemain. Dans son journal intime, la narratrice consigne son quotidien confortable et futile d’expatriée, quand sa mère a un accident. Alors contrainte de rentrer en France, elle y raconte leurs origines modestes, le décès de son père lorsqu’elle était enfant, le décalage entre deux milieux. Et tire à bout portant sur la sentence : « Si on veut, on peut. »
☞ Et en plus, dès la première page, la narratrice participe à un atelier d’écriture… Bref, c’est un roman que j’ai envie de lire.La faille, Blandine Rinkel. (239 pages) « Quand j’écris le mot famille, allez savoir pourquoi, je mange le m – on lit faille. C’est depuis cette fêlure que j’ai écrit ce livre. D’aussi loin que je me souvienne, sortir de chez moi allait avec un immense soulagement et, plus secrète, une profonde joie. L’extérieur était une promesse. Là où certains voient un refuge, d’autres voient une prison. Ceux-là préfèrent la fuite à l’ancrage, et s’inquiètent d’une vie trop normée. C’est à ces personnes que je m’intéresse ici : celles qui, par instinct, se méfient du familier. Celles qui se sentent fauves, désaxées, intimement exilées. Celles que le groupe a expulsé, ou qui le rejettent, pour des raisons intimes, politiques ou métaphysiques - tout à la fois. Celles qui, tout en aimant leur foyer, s’y sentent parfois piégées. Celles qui refusent, ne parviennent pas, ou n’aspirent pas, à s’établir. Toutes celles qui doivent couper pour rester vivantes. »
☞ C’est ma plus jeune soeur qui m’a dit avoir emprunté ce livre à la bibliothèque ; le sujet m’intrigue aussi. Why not!
Votez ! Et à vrai dire, voter surtout si vous pensez pouvoir venir… Vous n’avez pas besoin d’être venue en janvier pour participer au book club de février :
Merci de votre attention,
Je vous souhaite un bon week-end ❤️
Je serai présente au prochain book club 😉
Voté aussi! Je n'ai pas pu assister au book club hier car je n'avais pas eu le temps de lire le livre mais j'espère bien me rattraper le mois prochain !