Book club #2, La fille que ma mère imaginait - le récap
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Ça fait plusieurs vendredis d’affilée que je me lève et constate avec effroi qu’on est vendredi : “Quoi, un jour de plus dans la semaine, comment est-ce possible ?” J’espérais être déjà samedi.
J’ai envie d’évasion. Ou plutôt j’ai besoin de ralentir. De ne pas regarder mon téléphone. De jouer pour du vrai avec ma fille. De lire un livre pendant une heure d’affilée sans interruption. De faire une longue promenade.
J’ai appris, mal appris, avec les années à bosser en solo, que ralentir n’était pas facile quand on se l’impose soi-même. La pause devient un autre dossier à gérer, et parce qu’il y a toujours quelque chose à faire, et parce que des gens (famille, collaborateurs) comptent sur vous, ralentir est relégué au fond de la pile.
Mais pour les trois prochains jours et demi, très précisément, je me promets de faire une vraie full pause, délibérée, intentionnelle. C’est ciao bye bye les amis. Je mise tout sur ce requinquage express programmé. I’ll be a new woman.
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Je vous propose un mini-récap du livre La fille que ma mère imaginait, d’Isabelle Boissard, qu’on a lu ensemble en février lors du book club What’s Next. J’ai préparé ce récap avant notre rencontre jeudi 27 après-midi - qui sait si mon point de vue changera avec notre discussion.
Ce livre est un récit assez court, moins de 220 pages (lors du premier book club, le livre de Murakami ne dépassait pas non plus les 225 pages, je crois que je vais m’en tenir à des lectures rapides pour les prochains mois !)
Il se présente comme le journal d’une femme d’expat, une “conjointe-suiveuse,” âgée de 48 ans (me semble-t-il ?) qui part dans une nouvelle expatriation à Taipei, sur l’ile de Taiwan, qu’elle ne sait pas trop placer sur une carte au début du livre (je ne lui en veux pas, je ne savais pas où était Boston avant de partir y vivre en 2012).
Dans la scène inaugurale, c’est son anniversaire, et ses proches lui offrent un atelier d’écriture sur plusieurs semaines avec un auteur connu, qui s’appelle juste Gaspard - elle fantasme à moitié sur lui.
On suit son installation à Taipei, ses réflexions sur la vie de femme expat, sa solitude et son ennui à ne pas travailler, la rencontre avec d’autres femmes expats comme elle - des moments qui semblent se répéter pour elle, car ce n’est pas la première fois qu’elle part en expatriation. Elle propose une galerie de portraits plus ou moins tendres, parfois caricaturales - tout sent l’ennui profond !
Le journal qu’elle écrit parle aussi de comment se passe son atelier d’écriture, dont elle attend les sessions avec impatience, le tout intercalé avec des extraits d’entretiens entre une autrice (ou une artiste ?) et une journaliste qui a une approche vraisemblablement beaucoup plus “care free” de la vie, une attitude nonchalante dans laquelle notre narratrice ne se reconnaît pas.
A un tournant du livre, le personnage principal (qui est aussi la narratrice) rentre en France car sa mère est dans le coma. S’ensuit tout une réflexion sur la classe sociale - des jalons avaient été posées au préalable ; elle propose diverses scènes et réflexions, à travers par exemple les prénoms qu’on choisit pour ses enfants, la liberté qu’on éprouve ou pas par rapport à notre statut social, le fait de ne pas se sentir à sa place.
Certaines réflexions m’ont fait l’effet de gros yikes, surtout quand elle compare le fait d’être transfuge de classe au fait d’être une personne trans (ce n’est d’ailleurs pas le mot qu’elle emploie). J’ai trouvé ça gênant, complètement à contre-courant de la réalité et de l’actualité. Une façon de choquer creuse et violente gratuitement. Je me suis demandée pourquoi l’éditeur n’avait pas modifié cette ligne. Ca m’a complètement sortie de l’histoire, et j’ai eu du mal à retrouver de la sympathie pour la narratrice.
En bref,
Le ton du livre se veut drôle, provocateur, c’est assez “sec” et pas toujours très tendre envers les autres (ni elle même !) Il y a plein de formules bien trouvées, dans un style assez lapidaire - “La peur de déranger est un bon curseur de l’estime de soi.” et d’autres.
Personnellement, j’ai trouvé la narratrice tantôt touchante par sa vulnérabilité, mais aussi avec une vue assez limitée et une façon parfois désagréable - elle reconnaît par moments qu’elle manque d’empathie (par exemple, à l’égard des mères divorcées, c’est “moins pire” que d’être une mère veuve) et pour moi cette classification des souffrances, c’est pas top top. Je mettrai ça sur le compte de son ennui profond (voire de la dépression qui n’est pas nommée en tant que tel me semble-t-il), d’un manque de générosité qui vient d’une insatisfaction, d’un certain malaise dans sa vie. Mais peut-être ai-je trop interprété ?!
C’est un livre que je recommanderai… aux femmes d’expat dans un rôle similaire : pas de travail, gros diplômes, suivre son conjoint pour son avancée professionnelle. C’est caustique, un peu triste aussi.
De quoi a-t-on discuté pendant cette heure de “book club” ?
☞ Vous vous êtes connectées depuis Marseille, Paris, Brest, Édimburg, Québec, Cambridge. On a discuté des thèmes qui vous ont marquée : être transfuge de classe, la vie d’expat, le retour dans la famille, le deuil des parents ; on a discuté de la forme fragmentaire, on s’est demandé si c’était un roman ou un récit personnel. Et plein d’autres choses, pendant une heure - je n’enregistre pas ces séances, si vous tente, venez la prochaine fois ! Le book club est accessible aux personnes abonnées à la newsletter, dans une formule annuelle et mensuelle.
✎ Vos commentaires sur le livre :
🗓️ Je vous attends mardi 27 mars à 20h30 pour discuter du prochain livre du book club. A nouveau, le book club est ouvert à tous les abonnés payants de la newsletter What’s Next (rappel de ce qu’est la newsletter ici), à choisir parmi cette sélection :
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