Juillet 2022
On est en France pour cinq semaines, on navigue entre Paris, la Vendée, l’île de Ré, Nantes et la Bretagne : de véritables cartes postales, vu de n’importe où dans le monde. Mais ajoutez à cela une enfant de 16 mois et le fait qu’on navigue surtout dans la famille, milieu parfois pas le plus easy easy pour moi : la carte postale me fait soudainement moins rêver.
Pendant dix ans, on n’est rentré qu’une seule fois en France l’été, parce que cette saison a longtemps été synonyme de travail, c’était LA saison des visites guidées, c’était aussi la saison des voyages du Guide Vert, et puis la fin de l’été était marquée par deux semaines de road trip intenses qu’on attendait avec impatience.
Le contexte a changé aujourd’hui, et on a prévu de rentrer en France. Ça a un petit goût de capitulation : comme si le fait d’avoir un enfant nous faisait rentrer dans le rang. On a envie de rentrer, on a envie de voir du monde, mais j’ai l’impression qu’on a moyennement le choix. On ne va pas venir nous voir si on ne rentre pas, et la moitié de la famille n’a jamais rencontré ma fille jusqu’à présent, l’heure des présentations a sonné.
Pendant ces cinq semaines, Manu continue de travailler à distance, il a plein de boulot, un gros projet qui touche à sa fin. On le plaint : “Le pauvre, il travaille tout le temps”.
Et moi… je tente de continuer à poster ma newsletter et à vaguement faire avancer mon projet What’s Next, tout en m’occupant de ma fille. Je me suis habituée à avoir la Nanny plusieurs fois par semaine pour nous aider. Le fameux relai familial ne produit pas la même qualité de service, mais en même temps, c’est gratuit.
J’ai la mauvaise idée de lire le roman La femme gelée d’Annie Ernaux, que je découvre seulement maintenant. Elle parle de la femme qui devient mère et de son rôle qui se fige. Mauvaise pioche côté lecture : ça renforce mon côté grognon. Est-ce que je suis en train de devenir cette femme gelée ?
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On s’habitue au décalage horaire et à la canicule sans clim.
Je me mets à la rédaction de ma newsletter. Je suis en train de lire en pointillés un livre sur la communication non-violente que m’a recommandé La Coach. Je trouve ça drôle d’imaginer mettre en pratique à ma situation actuelle ces principes relativement simples, mais qui demandent un certain entraînement : je suis fatiguée, pas chez moi, pas à l’aise dans ma belle-famille, et je voudrais, en trois chapitres, avoir tout compris à cette méthode de communication authentique et avoir de vraies conversations avec les personnes qui m’entourent. Je sais que c’est perdu d’avance, mais cette idée du décalage me fait sourire, et je me dis que ça peut être l’objet de la newsletter. Une sorte de “crash test” de la communication non violente.
Le sujet est délicat, et demande un certain tact. J’ai envie de parler de cette difficile reconnexion aux autres, en essayant cette méthode, mais en me rendant compte que je n’y arrive pas très bien. J’ai envie d’être drôle : après tout, tout le monde a un peu de mal avec sa famille, dans une certaine mesure, c’est un sujet qui va plaire, non ?