#17 - Work from Home
Comment la pandémie a rebattu les cartes de l’immobilier et du travail à la maison
Jeudi 9 juin, 11h
Je suis rentrée de France il y a cinq jours, et j’ai déjà oublié qu’on était parti. Les valises n’ont pas traîné longtemps dans le salon. Je suis de nouveau happée par le quotidien.
Ma fille dort dans sa chambre.
Manu travaille dans le bureau, qui est aussi notre chambre.
Quant à moi, je suis assise dans le canapé, dans la grande pièce à vivre, et je mange des pistaches. Régulièrement, je suis prise d’une quinte de toux et je me mouche dans un mouchoir en papier : j’imagine des millions de mini-particules de l’ennemi invisible, Covid, dans ce tissu humide.
Je n’avais pas prévu que cet appartement devienne un tel refuge. Je n’avais pas imaginé que ce lieu, ces trois pièces (plus la salle de bains) deviennent à ce point central dans ma vie.
Quand on a acheté cet appartement en mai 2020, l’idée était de quitter notre tout petit logement de Kenmore square, loué auprès de l’université de Boston pour laquelle Manu a travaillé à notre arrivée à Boston. Pendant des années, ça a été plus un lieu de transit. Une ancre aussi, au cœur de la ville, mais un appartement si petit qu’il n’était là que pour des moments passagers. On dort, on y a nos affaires. On y a fait de super fêtes cela dit, et j’ai toujours aimé son côté très cosy. Mais il était temps de partir, notre bail avait expiré, Manu ne travaillait plus pour Boston University depuis des années.
On s’est mis à chercher fin 2019, et on s’est mis en tête d’acheter. Cependant, je récupérais péniblement de mon opération au cerveau, j’étais fatiguée après la moindre visite, j’étais incapable d’aligner trois idées à la suite. “Tu penses quoi de celui-là ?” “______” No idea, nada, je sais pas.
On a laissé tomber la recherche, c’était trop compliqué, et on a repris début janvier 2020, l’année censée être celle des Nouveaux Départs.