#11 - Mère au foyer
Ma crise professionnelle ne serait-elle pas plutôt une crise identitaire ?
J’ai vendu Boston le nez en l’air. Je célèbre cette victoire, et pourtant, rapidement, mon incorrigible côté pessimiste considère l’autre face de ce succès, et je me dis “la fête est finie”. J’ai signé la fin de ma vie professionnelle. That’s it. Ciao.
Mi-novembre, Manu retourne au travail en présentiel, juste une journée, et c’est un désastre. Ma fille refuse de dormir, aucune sieste, elle a l’habitude de Manu pour l’endormir, et avec moi rien ne fonctionne. Je subis cette journée. Quand Manu rentre le soir, je suis au bout du rouleau.
Fin novembre, on fête Thanksgiving à la maison. J’ai acheté des coupes de champagne, un nouveau torchon, de la petite déco pour la table, j’ai réfléchi au menu avec soin. Je suis contente de recevoir des amis, ça fait tellement longtemps qu’on évite les rencontres en intérieur. Mais… j’ai l’impression d’endosser un rôle de femme d’intérieur des années 50. Je me sens à côté de la plaque, avec pas grand chose à raconter quand une de mes amies me prend à part pour me demander “what’s up ?”
Me voilà devenue, malgré moi, mère au foyer, avec aucune idée de comment m’en sortir.
Moi qui pensais que je traversais juste une crise professionnelle, je suis en pleine crise identitaire.
*
Être devenue mère tard, à 37 ans (bon, en vrai seulement trois mois avant d’avoir 38 ans), ça veut dire que j’ai vécu une longue vie d’adulte indépendante et bien remplie, sans enfant.